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Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 2, 1909.djvu/227

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LA PLANÈTE MARS.

que je le voyais en de bonnes conditions. Inexplicable est aussi le détroit large et sombre partant de la petite Syrte ; est-ce le Léthé avec l’Hyblæus ? La tache au Nord-Ouest est probablement le Trivium Charontis. Et encore plus inexplicable est la tache presque noire avec un allongement comme d’un canal au nord de l’Hespérie[1].

L’auteur s’est occupé spécialement des variations de la neige polaire. Voici ses conclusions[2] :

La tache polaire australe de Mars s’était montrée avec certitude le 12 octobre pour la dernière fois (grossissement 560) avant l’opposition. La longitude n’étant pas favorable, il fallut attendre le mois de novembre pour se convaincre si la neige était complètement fondue ou non. Le 3 novembre, il me sembla voir un point brillant là où la tache polaire devait être. Le lendemain on n’aperçut rien. Le 5 novembre, la tache fut invisible avec l’oculaire de 672, mais en employant l’oculaire de 830 je crus parfois revoir le point brillant. La même observation fut faite le lendemain.

Les jours suivants, je ne pus distinguer la tache polaire, mais le 8 décembre il me sembla, avec l’oculaire 313, qu’il y avait un point brillant, tandis qu’avec les oculaires 480 et 600 je ne vis qu’une petite tache claire dans la mer. Ce devait être la neige polaire.

Le 7 janvier j’aperçus encore vers le pôle une tache qui me donna l’impression de la neige ; je fis la même observation les 12, 14 et 17 janvier. J’en fis part à M. Schiaparelli, en ajoutant que la neige n’avait pas le brillant de la tache polaire d’autrefois, mais que son aspect évoquait plutôt l’idée d’une neige tombée sur des régions marécageuses. M. Schiaparelli me répondit (le 11 janvier) : « Anch’io ho veduto due volte un bagliore bianco nel luogo del polo di Marte, e credo come lei che non sia la neve stabile consueta, ma qualche cosa di transitorio, simile a quanto avviene spesso sopra altre parti del lembo di Marte, e più spesso in certi luoghi vicini ai due poli. » Selon une communication ultérieure, le savant astronome de Milan vit la neige « moins brillante qu’auparavant » les 11 et 18 janvier. Le 27 janvier, j’écrivis dans mon journal « Mer polaire très claire. »

Le 14 février, je crus revoir la neige polaire, mais, en employant les oculaires 560 et 830, je trouvai que la mer polaire était très claire, sans tache certaine. Cela correspond avec l’observation de M. Schiaparelli, qui écrivait le 16 février dans son journal : « Un po’ di bianco pare vi sia in alto, molto dubbio pero. » Le 23 février, j’eus la conviction qu’il n’y avait plus de neige polaire. Le 1er mars, l’air étant bon, l’image excellente et la longitude favorable, je cherchai avec les oculaires 410 et 830 assidûment, et j’arrivai à la conclusion qu’il n’y avait cer-

  1. Ces dessins étant en couleur n’ont pu être reproduits ici par la photogravure. Sur ces variations de l’Hespérie on peut s’en rapporter d’ailleurs à ce qui a été dit plus haut par M. Schiaparelli.
  2. Bulletin de la Société astronomique de France, 1895, p. 184.