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Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 2, 1909.djvu/295

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LA PLANÈTE MARS.
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variations dues à ces fabuleuses métamorphoses dont la surface de Mars est incontestablement le siège, et qu’aucune analogie terrestre ne saurait nous expliquer d’une manière tant soit peu satisfaisante.

Nos observations de 1896-97 peuvent se résumer ainsi :

Les régions de Pyrrha et d’Ogygis, avec les îles de Noachis et Argyre, ont été vues comme une seule masse de terre[1]. Deucalion a paru très pointue vers son extrémité précédente, tandis que la Xisuthri Regio apparaissait de temps en temps dans les sombres plages du Sinus Sabæus.

Le golfe des Perles a été, comme d’habitude, assez pâle. Par contre, le Sinus Acidalius de la mer Boréale était tellement noir qu’il constituait la partie la plus foncée de la surface de la planète. Le lac Niliaque est apparu sous la forme d’un vaste estompage, peu intense.

Deux taches sombres nouvelles ont été vues dans le golfe de l’Aurore, alignées dans la direction du Gange prolongé. Il ne paraît pas probable que ce soit là un aspect exceptionnel de l’île de Protée qui serait incluse entre ces estompages.

Le lac de la Lune était très foncé, tandis que le lac du Soleil s’est montré en 1896-1897 d’une pâleur rare. Il en a été de même du golfe Aonius, si sombre en 1877, mais remplacé en 1892 par une terre légèrement grisâtre en forme d’éventail.

Ceraunius est un estompage très enfumé. On peut en dire autant du Nœud Gordien. La Propontide n’a jamais été bien vue à Juvisy pendant cette opposition.

Rien d’anormal dans la mer des Sirènes ; mais deux taches sombres ont fait leur apparition dans la mer Cimmérienne, l’une (g²) située à son extrémité suivante, l’autre (g¹) un peu à droite de l’embouchure du Cyclops. La gémination de cette mer a paru fort incertaine pendant cette apparition.

Le Trivium Charontis mérite une plus longue description. Jusqu’en 1883-1884 ce « lac » ou « oasis » a, en général, offert l’aspect d’un estompage allongé de l’Est à l’Ouest. En 1884, M. Schiaparelli constata, non sans surprise, que le lac était transformé en deux bandes parallèles à l’Orcus dédoublé. En 1888, cette gémination persistait encore, mais dirigée cette fois-ci vers l’Érèbe, comme si les deux bandes de 1884 avaient pivoté autour d’elles-mêmes, en tournant sinistrorsum de 40° ! Mais ce qu’il y a de plus énigmatique encore, et ce qui donne à ces métamorphoses un caractère grotesque et presque ridicule, c’est la réunion, en 1896, de la matière composant le Trivium Charontis en deux taches rondes voisines, d’une intensité de noir d’encre, et alignées perpendiculairement à l’Orcus en faisant un angle de 18° avec le méridien. Un estompage triangulaire précédait les deux taches noires du Trivium, lesquelles étaient situées à l’extrémité suivante du « lac », vers l’Elysium, à 200° de longitude.

L’Elysium est une région plus blanche que la surface générale de Mars. Cette

  1. Probablement à cause de l’obliquité sous laquelle ces régions australes étaient vues par une latitude du centre du disque égale à 0°