Aller au contenu

Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 2, 1909.djvu/307

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
300
LA PLANÈTE MARS.

nous attendre à voir les premiers signes de l’accroissement de l’humidité. Plus tard, lorsqu’elle a fait son chemin dans les plaines foncées, celles-ci agissent comme réservoirs et élargissent le cap dans leur voisinage. Nous arrivons ici à certaines questions intéressantes sur la climatologie martienne.

Quelle est l’époque du milieu de l’hiver météorologique ou climatérique ? — En « janvier » on aperçoit des tons verts ou bleus aux environs du cap polaire, indiquant que la température de ces latitudes entre +40° et +70° n’est pas trop froide pour supprimer l’eau ou la végétation. En « février », le seul signe de taches sombres a été vu sur le bord austral, vers +40°. L’espace entre cette latitude et le bord septentrional est souvent jaune, donnant l’idée d’une surface stérile. À la fin de « mars », le cap fond et laisse apercevoir de la coloration, même dans les fentes ou crevasses, indiquant de l’eau ou des végétaux.

Il est donc très probable que l’époque du plus grand froid arrive au mois de « février ».

Quel rapport existe entre l’étendue du cap polaire et les grandes taches foncées ? — En « janvier » et « février » le cap paraît souvent très large entre le Trivium Charontis et le golfe de l’Aurore, et c’est aussi là la région de son plus grand développement, jusqu’en « avril » au moins. Comme ce développement précède de beaucoup celui des autres parties, et que les canaux se développent aussi là plus tôt que dans les vastes surfaces claires, nous pouvons penser que la Grande Syrte sert de quelque façon à transporter l’humidité loin du sud. Elle doit donc être classée au nombre des régions productrices d’humidité.

Tout porte à croire que des nuages s’ajoutent aux neiges pour former les aspects des caps polaires. Les différences de niveau ne sont pas accusées par les observations, si ce n’est dans les fentes ou crevasses, puisque c’est là que la fusion commence.

La visibilité maximum des canaux se manifeste dans les régions claires de l’hémisphère boréal. Les régions sombres de cet hémisphère en montrent environ les deux tiers et l’hémisphère austral, le plus foncé des deux, environ le tiers. Dans cet hémisphère, la plus grande visibilité se montre dans la moitié sombre.

Si l’on considère l’hémisphère austral, à 40° de latitude et plus, la visibilité décroît entre janvier et avril (martiens), c’est-à-dire dans la seconde moitié de l’été. Dans les régions équatoriales, de −30° à +10° de latitude, on n’observe pas de variation importante. Aux latitudes boréales de +10° à +40° on remarque un léger accroissement de visibilité dans les canaux qui traversent les régions sombres et un très fort dans les régions claires. De +40° à +60° cet accroissement est évident pour toutes les longitudes. Toutes ces variations confirment l’hypothèse qui attribue les canaux à de la végétation et à l’humidité qui la produit. Cette humidité peut être transportée par les courants atmosphériques du sud vers le nord.