Aller au contenu

Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 2, 1909.djvu/306

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
299
OBSERVATOIRE LOWELL.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

partie boréale du terminateur paraissait blanche ou d’un bleu pâle, ou d’un vert pâle sur les régions Lucus Acidalius et de Sirenius à Aethiops, et le cap était parfois large et blanc, avec une sombre bordure verte, dans les longitudes de la Mer du Sablier, du golfe de l’Aurore et du Titan. C’étaient certainement là des aspects dus à des nuages, et peut-être à de la végétation.

En « février », le pôle étant encore bien caché du Soleil, le cap était vaste, variable, et de contours vagues. Il s’étendait jusqu’à 50° et 60o de latitude boréale. Sans doute zone nuageuse et neiges. Les teintes bleues et vertes avaient disparu, mais on remarquait une bordure foncée sur les longitudes de Trivium Charontis à Margaritifer Sinus.

En « mars », à l’équinoxe du printemps, le cap blanc se montre plus nettement défini, avec une bordure colorée donnant l’impression d’une humidité sur les terres causée par la fusion de la neige et produisant une végétation verte. Des crevasses se manifestent.

En « avril », le soleil éclaire de mieux en mieux le cap polaire, qui se comporte exactement comme une masse de glace, fond à ses bords, montre des crevasses et diminue. Il avance encore jusqu’à la latitude de 60°, sa partie la plus large étant près de la Mer du Sablier, réservoir d’humidité, et sa plus étroite au nord d’Issedon et d’Amystis[1]. Remarque frappante, les taches sombres de ces régions de minimum, notamment le Golfe de l’Aurore, étaient presque invisibles, comme s’il se fût agi de plaines végétales privées d’eau.

En « mai » et « juin », le cap polaire se réduit progressivement à une très petite tache entourée par une large zone moyenne due probablement à la fonte rapide des neiges. Les canaux du nord, dont quelques-uns ont commencé par des fentes ou crevasses dans le cap polaire, se développent rapidement.

Comparées entre elles, les variations polaires martiennes offrent un intérêt particulier. Les neiges australes deviennent presque invisibles après le milieu de l’été, et ne redeviennent visibles qu’à une époque correspondant au mois d’avril. Alors, un mois et demi avant le solstice d’hiver et après, les blancheurs se font remarquer par le terminateur adjacent. Au pôle nord, ces blancheurs sont plus lentes à paraître. On ne les voit qu’après le milieu de l’hiver, et alors elles deviennent permanentes. Ces aspects indiquent une moindre quantité d’eau au pôle nord qu’au pôle sud, ce qui s’accorde avec la présence de vastes régions claires ou continentales de l’hémisphère boréal.

D’autre part, lorsque le pôle nord commence à se montrer, c’est dans le voisinage des vastes régions continentales. À cette époque de l’année martienne, l’équateur de chaleur est loin dans l’hémisphère austral, forçant les vents et l’humidité à se réfugier dans les régions du nord. Dans les latitudes boréales extrêmes, les courants les plus forts, pour charrier cette humidité aérienne vers le pôle, dominent sur les longitudes où les contrastes de température sont les plus grands. Ce doit être sur les grands déserts. C’est donc là que nous devons

  1. Pour la nomenclature, voy. plus haut, p. 121.