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Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 2, 1909.djvu/314

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LA PLANÈTE MARS.

propos et souvenons-nous que le retour des mêmes dates entre les oppositions marque exactement l’avance des saisons martiennes, puisque alors la Terre et Mars, étant à la même longitude vues du Soleil, sont nécessairement aux mêmes saisons correspondantes de leur année. La seule réserve qu’on pourrait faire sur cette concordance est celle qui dépend des excentricités de leurs orbites, mais on peut la négliger ici.

Le solstice d’été de l’hémisphère sud de la planète eut lieu en 1894 le 31 août, et en 1896 le 13 juillet[1]. Eh bien, la Grande Syrte a présenté la même apparence moutonnée en août 1896 et en octobre 1894 ; et ceci en dépit de l’éloignement qui aurait pu amoindrir ces détails. L’aspect de la planète confirma donc ce qui avait été vu aux observations précédentes : que le changement dans l’aspect de la planète n’est pas une question de distance, c’est-à-dire de visibilité, mais une question d’époque de l’année martienne, autrement dit une affaire de végétation plus ou moins avancée selon la saison.

TRACÉS.

Nous allons maintenant examiner les configurations en détail.

Les tracés qui apparaissent sur la Grande Syrte à mesure que les saisons avancent sont de deux espèces : les uns plus clairs que leur entourage, et les autres plus foncés.

Parlons d’abord des premiers, sortes de chaussées traversant ces prétendues mers. Ces tracés clairs sont au nombre de quatre :

Solis Pons, Lunæ Pons, Pons Cometarum et Pons Stellarum.

Les dessins que je vous adresse n’en montrent que trois avec précision : Solis Pons sur la droite, Lunæ Pons sur la gauche et Pons Stellarum entre les deux. Pons Cometarum n’est pas souvent visible. Il se trouve au centre de la mer du Sablier, à moitié chemin de Pons Stellarum à Lunæ Pons, le long de la ligue sombre se dirigeant presque droit au sud vers Hellas.

Le pont du Soleil (Solis Pons) est relativement connu depuis longtemps. Il y a au moins 34 ans qu’on l’a observé pour la première fois, comme on le voit par les dessins faits en 1862 avec le réflecteur géant de Lord Rosse[2]. Il apparaît encore partiellement dans les dessins de Kaiser de 1864, et on l’a plus ou moins vu depuis. Il réunit Hammonis Cornu à l’extrémité nord de Hellas, légèrement à l’ouest du point extrême nord. C’est le plus remarquable de tous les « ponts ».

En 1894, nous l’aperçûmes pour la première fois à l’Observatoire Lowell, vers le 10 août martien : et en 1896 nous le reconnûmes aussitôt que les observations commencèrent, le 23 juillet terrestre, ce qui correspond à peu près au 1er juillet martien.

  1. Voir notre tableau, p. 273. Les différences, d’ailleurs, sont sans importance ici.
  2. La Planète Mars, p. 167, fig. 108 (6°) du 6 novembre 1862.