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Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 2, 1909.djvu/318

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LA PLANÈTE MARS.
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Sans entrer dans une multitude de détails, je prie les lecteurs d’examiner avec soin les dessins qui représentent ces curieux canaux et tracés des anciennes mers martiennes. C’est toute une révolution dans notre conception de l’aréographie.

Nous arrivons maintenant à d’autres configurations, non moins intéressantes, de ces mêmes régions. On verra sur les dessins C et D, de M. Douglass, quatre taches sombres sur des points différents.

Une de ces taches se trouve tout à fait au centre, à l’endroit où le Dosaron et l’Orosines se réunissent. Une autre se trouve à la jonction de l’Erymanthus et de l’Oceanus. Une troisième apparaît plus loin sur l’Erymanthus au point où il se rencontre avec Galæsus, tandis qu’une quatrième se trouve au point où le Dosaron est traversé par l’Oceanus.

Ces taches sont tout à fait semblables aux oasis des régions claires. On les trouve, comme ces dernières, aux intersections des canaux et jamais ailleurs. Il est plus que probable que ce sont aussi des oasis, ainsi que leurs similaires du désert ; à ces intersections de canaux, le sol est spécialement fertile. L’eau qu’elles reçoivent leur permet de rester vertes longtemps après que les régions qui les entourent se sont desséchées, et c’est grâce à cette continuité de couleur verte qu’elles sont visibles pour nous.

Quoique les changements dont nous parlons soient dus aux saisons, les saisons néanmoins ne jouent pas le même rôle sur Mars que sur la Terre, quant à la question végétale. Les conditions météorologiques diffèrent d’une manière très marquée. Sur Mars, l’eau est très rare, et l’eau disponible a beaucoup plus d’action que sur la Terre, à cause des conditions climatériques de cette planète. Pour des raisons que nous ne comprenons pas encore complètement, la température moyenne de Mars est beaucoup plus élevée que la température moyenne de la Terre. La présence de l’eau agit donc avec beaucoup plus d’effet là où elle se rencontre. Nous pouvons comparer Mars à un vaste désert équatorial où l’eau est indispensable pour produire des plantes et des fleurs.

Remarquons encore certaines taches qui ne sont ni dans les régions sombres, ni dans les régions claires, mais pour ainsi dire dans les deux. Ces taches, contrairement aux autres, ne semblent pas rondes, mais anguleuses ; elles se trouvent toutes aux points où les canaux des régions claires débouchent dans les sombres. Deux de ces dernières apparaissent dans les deux dessins de M. Douglass, une à l’embouchure du Typhon, l’autre à celle du Phison dans la mer Icarienne. Toutes deux, sans aucun doute, ressemblent à des oasis, mais elles peuvent être considérées aussi comme des sortes de stations, de réservoirs, pour le cours des eaux dans leur circulation à travers les diverses régions de la planète.

Je ne m’occuperai pas aujourd’hui des régions claires. J’ai voulu surtout, par l’exemple de nos observations faites dans la mer du Sablier ou Grande Syrte, montrer que nos idées sur les mers martiennes doivent être modifiées ; que la mer australe est une véritable mer, comme le prouvent le polariscope et les observations, mais que la mer du Sablier et les autres régions foncées intérieures