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Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 2, 1909.djvu/319

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OBSERVATOIRE LOWELL. — PROJECTIONS.

représentent désormais pour nous des aires végétales traversées par des canaux et des chaussées ou lignes de desséchement. Ainsi s’accroît graduellement notre connaissance de ce monde habité.

On voit par cette étude que, pour le célèbre astronome américain, les canaux sont de véritables cours d’eau entretenus par les habitants de Mars et bordés de vastes prairies ; qu’ils traversent certaines « mers » aussi bien que les continents, et que, comme conséquence, ces « mers » représentent non des eaux, mais des plaines végétales. Les « ponts » ou chaussées blanches qui traversent la mer du Sablier seraient des bandes de terre plus élevées, non fertilisées par les eaux et dépourvues de végétation.

ccxvii.Douglass. — Projections sur le terminateur et météorologie martienne.

Au même observatoire Lowell, des observations nombreuses ont été faites sur les projections lumineuses qui brillent assez souvent au bord de l’hémisphère éclairé, le long du méridien du lever ou du coucher du Soleil. et dont il a déjà été question plus haut (p. 49, 53, 56, 79, 82, 132, 194, 231). M. Douglass, astronome à cet observatoire, en a fait une étude nouvelle à propos des observations continuées en 1896. La voici[1] :

Pendant l’opposition de 1894, le pôle sud de la planète était fort incliné vers nous, et nous avons enregistré presque 800 irrégularités dont 350 étaient des projections. Le nombre de fois que ces projections ont duré plusieurs heures et leur disparition totale pendant la nuit nous conduisent à penser qu’elles sont dues à des nuages se formant à des altitudes très variées, au moment (ou très près du moment) du coucher du soleil. Leur forme alors est celle d’un banc dont la surface inférieure touche le sol à la longitude du couchant et qui s’étend vers le côté de la nuit, en se développant dans une direction presque horizontale, s’éloignant directement du Soleil et s’élevant de plus en plus en dehors du terminateur.

D’après certaines observations spéciales, il semble probable qu’à des altitudes très basses cette condensation peut se produire au moins une demi-heure avant le coucher du Soleil, et quelquefois les nuages durent toute la nuit et apparaissent sur le terminateur au lever de l’astre, en amas, à une altitude considérable, et séparés de la surface, comme si les masses inférieures de vapeur avaient été précipitées. Dans le cas spécial auquel je fais allusion, nous avons observé ces nuages sur le terminateur au lever du Soleil deux matins de suite. Le premier matin, ils étaient à une hauteur de 24 kilomètres au-dessus de la surface et le matin suivant à 13 seulement, après avoir varié d’une dizaine de degrés en lati-

  1. Bulletin de la Société Astronomique de France, 1897, p. 290.