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Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 2, 1909.djvu/326

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LA PLANÈTE MARS.
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lignes sombres auxquelles M. Cerulli fait allusion[1]. Il nous semble aussi qu’en appelant fontaines ces cratères, Fontana s’est un peu souvenu de son propre nom. Nous ne retrouvons pas non plus sur la Lune les lignes du croquis de M. Cerulli. Mais son raisonnement reste incontestable : nous ne voyons pas encore Mars avec plus d’avantages que nous ne voyons la Lune dans la plus modeste jumelle, et très certainement ses véritables détails nous échappent. Nous n’en avons encore qu’une esquisse optique.

Entrons maintenant dans quelques détails sur les importantes et soigneuses observations de M. Cerulli. À la date du 1er septembre 1896, il résumait comme il suit ses observations du mois d’août[2] :

Neige australe. — L’extrémité sud du disque a été vue blanchie par le voisinage de ces neiges, entre les îles de Thulé ; mais de la calotte australe proprement dite, rien de sûr. Un tel fait ne peut être attribué entièrement à la difficulté de la perspective. Il semble, au contraire, que les neiges polaires australes, déjà en diminution en juin et juillet, sont presque arrivées à leur fusion complète. Le solstice austral a eu lieu le 13 juillet.

Neige boréale. — Quelques ramifications du noyau polaire sont apparues le 25 août, jour où j’ai observé pour la première fois une traînée lumineuse au nord, sous l’Élysée (ω = 215°), et cette apparition s’est maintenue plusieurs jours successifs.

Mers et Continents. — La couleur des mers, au sud du Grand Diaphragme, n’a pas paru plus accusée que celle des continents au nord de cette région. Seulement, le détroit de la mer Érythrée, qui, partant de la Corne d’Ammon, court au sud entre l’Hellas et la Noachide, et appelé Hellespont sur la première carte de Schiaparelli, s’est montré assez foncé en juin et juillet, au point d’offrir l’aspect d’un beau panache élargi vers le haut et interrompu certainement par un espace court sous la latitude −30° (terre de Yao). En août, l’Hellespont ne s’est plus distingué de la mer australe, peut-être à cause de l’obliquité visuelle. De l’Hespérie, on a eu une vue splendide le 24 août. Elle présentait un ton à peu près uniforme sur tout son parcours, jusqu’à l’Éridan, et l’on pouvait conclure que la division observée en 1894 par le prolongement du Xanthus n’existait plus (Disque de 9″ ; agrandissement de 500 fois.) Mais l’Hellas ne s’est pas montrée aussi nette qu’en 1894. Son contour était diffus et incertain pendant les mois de juin et juillet ; en août, la limite droite (orientale) paraissait mieux définie que l’orientale.

Canaux. — Outre les canaux vus en juin et juillet (Cerbère, Læstrigon, Titan,

  1. Nous avons reproduit l’un d’eux au Tome I de cet Ouvrage, p. 10. — Comparer aussi les 58 dessins de la Lune vue à l’œil nu que j’ai publiés au Bulletin de la Société Astronomique de France de l’année 1900. Ils ne confirment pas l’assimilation imaginée par M. Cerulli, et il en est de même des petites photographies de la Lune.
  2. Astr. Nach. 3384, 23 octobre 1896.