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Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 2, 1909.djvu/325

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CERULLI. — OBSERVATOIRE DE TERAMO.


viendra immédiatement émerveiller nos regards. Ce globe nous apparaît sillonné de lignes droites en grand nombre, parsemées de noyaux, et ayant, avec les canaux de Mars, la plus grande ressemblance (voir la figure ci-contre, où je n’ai tracé que les lignes principales).

En dehors donc des canaux de Mars, nous avons aussi des canaux de la Lune, et rien ne semble plus plausible que d’admettre, pour ces deux catégories de lignes, des origines communes, et une signification identique, vu que leur apparition se fait dans des circonstances analogues.

Or, les canaux lunaires de la jumelle (qui n’ont — cela s’entend — rien de commun avec les raies brillantes que le télescope nous révèle sur la Lune) peuvent être parfaitement interprétés.

Il suffit, pour cela, de recourir à une carte de la Lune, ou bien de substituer

Fig. 211. — Lignes lunaires vues à la jumelle :
a. Extrémité inférieure de l’Océan des Tempêtes.
a. Extrémité inférieure de l’Océan des Tempêtes.b. Extrémité inférieure de la Mer des Nuées.
a. Extrémité inférieure de l’Océan des Tempêtes.c. Extrémité supérieure de la Mer de la Sérénité.
le télescope à la jumelle. On voit alors que les lignes lunaires ne sont en réalité que de purs et simples alignements de taches isolées, que la jumelle nous présentait d’abord comme reliées entre elles et formant ainsi une ligne continue. En vertu de notre analogie, nous sommes donc amenés à supposer que les canaux de Mars ne sont, eux-mêmes, que de simples alignements de taches semblables à celles que nous montre le télescope sur la Lune. La même analogie nous induit aussi à croire que sitôt que les progrès de l’optique nous permettront de substituer aux télescopes actuels des instruments plus puissants, les canaux de Mars perdront aussi la figure des lignes qui les rend aujourd’hui si mystérieux et si intéressants, tout comme la perdent les canaux de la Lune, observés dans la jumelle, canaux qui disparaissent sous l’action du télescope.

M. Cerulli adopte également cette assimilation dans son Ouvrage. Il rappelle que dans ses premiers dessins de la Lune (1645), Fontana donnait le nom de fontaines aux grands cratères de Tycho, Copernic, Aristarque, etc., et de rivières aux rayons qui en émanent. Il ajoute : « E notevole come il fenomeno reale delle strisce chiare si mescoli col fenomeno illusorio delle strisce oscure, dando origine ad immagini assai bizzarre ». Nous avons ces dessins de Fontana sous les yeux et nous n’y retrouvons pas facilement les