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III
AVERTISSEMENT.

création, ni garder les idées fausses appuyées pendant tant de siècles sur cette antique illusion. Sans l’astronomie, il est impossible de raisonner juste en quoi que se soit, ni en philosophie, ni en religion, ni même en politique. Caria destinée de l’homme n’est pas la même si la terre constitue l’univers à elle seule, ou si elle n’est qu’un point imperceptible perdu dans le Grand Tout : le dieu des armées cesse de recevoir des holocaustes convaincus ; l’humanité terrestre n’est pas l’unique famille du Créateur ; le commencement et la fin de la terre ne sont pas le commencement et la fin du monde ; en un mot, les principes que nous croyions absolus ne sont que relatifs, et une nouvelle philosophie, grande et sublime, s’élève d’elle-même sur la connaissance moderne de l’univers.

Je suis heureux, pour ma part, d’avoir pu servir à inaugurer cette nouvelle philosophie, en rendant l’étude de l’astronomie aussi populaire que possible. Depuis la première édition de cet ouvrage, j’ai toujours eu soin de tenir les réimpressions nouvelles au courant des progrès constants de la science. Par des ouvrages successifs j’ai poursuivi, d’année en année, à différents points de vue, la solution de la même thèse, et j’ai vu avec bonheur que ces ouvrages n’ont pas été moins favorablement accueillis que celui-ci. Je n’éprouve aucun sentiment de mesquine vanité à le constater, mais j’éprouve une joie profonde à observer que les hommes commencent à avoir l’âge de raison, réfléchissent, laissent peu à peu les idoles pour s’approcher de la Vérité.