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Page:Flammarion - Mémoires biographiques et philosophiques d'un astronome, 1912.djvu/21

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mémoires d’un astronome

bien d’avoir reçu un beau cornet de dragées que je rapportai à la maison sans en avoir goûté une seule.

C’était en 1848, et ce fut la date de mon premier voyage, dont je me souviens comme d’hier. Mais n’anticipons pas.

Je disais donc que l’hérédité intellectuelle ne me paraît pas démontrée du tout, et me semble contraire aux faits d’observation. Mon frère et mes deux sœurs ne ressemblent intellectuellement ni à nos parents ni à moi, et ont de tout autres aptitudes que les miennes. Mes goûts astronomiques datent de toujours, et ni mon père, ni ma mère, ni aucun de mes ancêtres n’ont jamais manifesté aucune tendance vers l’étude des sciences ou de la philosophie[1]. Je questionnais

  1. Un ami m’a fait don d’un petit livre : « Essais poétiques, par Isidore Flamarion, artiste du second théâtre français, Paris, 1823. » C’est un recueil fort intéressant. J’ai en vain cherché quelque indice pouvant faire supposer un lien de parenté quelconque entre cet auteur et ma famille. Cependant, son origine doit être Montigny, car tous les Flammarion dont on a pu retrouver les ascendants remontent au même pays. Quelquefois, une élision, facile à expliquer dans les signatures anciennes, à fait supprimer un m, comme dans le cas de l’auteur précédent et de mon cousin regretté le docteur Alfred Flamarion, membre du Conseil général, décédé à Nogent il y a quelques années, et dont le grand-père faisait cette suppression, dès lors restée dans cette branche, au grand regret du docteur qui voulait la réparer, comme il l’a écrit, mais qui, n’ayant pas de fils, s’en est abstenu.

    À propos du nom de Flammarion, Lorédan Larchey, dans son Dictionnaire des noms propres, lui donne pour étymologie gallo-romaine : « qui apporte la lumière ». Pour ma part, je serais fier de mériter cette étymologie. On a quelquefois imaginé une origine tout à fait astronomique : Flamma-Orion, Flamma-orionis. Mais il y a ici pure fantaisie.

    Au dix-septième siècle, on latinisait tout. Ainsi, Montigny s’écrivait Mons Ignis, Montis igneri, montagne de feu. Des signaux de feu, dont parle Jules César, ont pu, en effet, être transmis par ces hauteurs. Mais la terminaison gny signifie simplement loca-