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Page:Flammarion - Mémoires biographiques et philosophiques d'un astronome, 1912.djvu/27

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mémoires d’un astronome

comprendre, je me mis à copier page par page. Les signes cabalistiques des planètes et du zodiaque m’intriguaient fort. Je copiai notamment les trois figures des systèmes de Ptolémée, de Copernic et de Tycho-Brahé, et j’appris les descriptions essentielles. Je sus alors que la Terre tourne sur elle-même en vingt-quatre heures et autour du Soleil en 365 jours un quart, et je commençai à concevoir qu’elle ne peut pas tomber, question que je posais sans cesse depuis que l’on m’avait affirmé qu’elle était isolée dans l’espace et ne repose sur rien. Mais je me sentais profondément ému et rempli d’admiration, à la pensée que les savants pouvaient calculer d’avance la marche des astres dans le ciel.

La période de 1842 à 1851 a été remarquable par trois célèbres éclipses visibles en France : 8 juillet 1842 ; 9 octobre 1847 ; 28 juillet 1851. J’ai pris plus tard la première comme origine des cycles que j’ai publiés dans mes ouvrages et que les livres copient depuis très servilement, sans se douter, probablement, de son origine ; mais je ne l’ai pas observée moi-même, car elle a eu lieu le 8 juillet… et je n’étais âgé que de 4 mois et 11 jours. Cette éclipse totale de soleil de 1842 a coïncidé, comme on le voit, avec l’année de ma naissance.

J’ai dit plus haut que ma mère avait des goûts un peu aristocratiques et rêvait pour moi une situation non vulgaire. Le seul fait d’avoir montré un phénomène céleste à ses enfants indique déjà en elle une supériorité intellectuelle. Il est probable que, dans tout le pays, elle est la seule qui ait donné cette leçon de cosmographie. Mais, comme caractère, elle était très pratique, se contentant, d’ailleurs, du cadre des