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Page:Flammarion - Mémoires biographiques et philosophiques d'un astronome, 1912.djvu/71

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mémoires d’un astronome

chaque jour la position des aiguilles sur votre montre, si vous tenez à quelque précision ; mais ce n’est pas nécessaire, les rendez-vous ne s’y donnant guère qu’à une heure près. Les hommes d’affaires un peu stricts ont deux montres dans leur poche : l’une à l’heure turque, l’autre à l’heure chrétienne. Peut-être cet état de choses changera-t-il prochainement par suite de l’évolution constitutionnelle qui vient de se produire, mais on n’en vit pas moins là dans une ère préscientifique.

Eh bien ! c’est en revenant de visiter ce curieux vestige du passé que j’entendais la conversation des contempteurs de la science. Et je pensais que Constantinople est un progrès immense sur les habitations primitives de l’époque paléolithique et néolithique ; que ses palais, ses mosquées sont des chefs-d’œuvre de l’architecture ; que, du temps des Romains, Byzance dominait déjà l’une des plus belles positions géographiques du monde, et que l’art, l’industrie, la science ont graduellement transformé l’humanité.

Sans les savants qui ont travaillé, peiné, combattu, souffert, nous en serions encore à l’état sauvage.

Nos regards ne peuvent s’arrêter sur aucun objet sans nous inviter à rendre justice au travail scientifique. Voilà des fenêtres fermées par du verre. C’est un objet banal, pense-t-on. Mais non. Ces simples vitres sont une merveille devant laquelle devrait s’agenouiller notre reconnaissance.

Souvenons-nous que c’est là du sable fondu devenu transparent. Il a fallu créer cette admirable substance, grâce à laquelle nous pouvons habiter, hiver comme été, des demeures à l’abri des intem-