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Page:Flammarion - Mémoires biographiques et philosophiques d'un astronome, 1912.djvu/77

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mémoires d’un astronome

nombre de quatre au lieu de huit que l’on compte aujourd’hui, par suite d’un nivellement de la rue), une plate-forme de pierres plates très commodes pour jouer aux billes. Les enfants du quartier s’y donnaient souvent rendez-vous. Je faisais mes études dans une chambre au-dessus, et parfois leurs cris et leurs disputes m’étourdissaient. Je n’ai jamais eu l’idée de me joindre à leurs jeux.

Déjà je m’étais formé, comme je l’ai dit, une petite bibliothèque, qui, à l’âge de six ans, se montait à une vingtaine de volumes, à une trentaine à l’âge de sept ans, à une cinquantaine à l’âge de huit ans, volumes que je conserve encore aujourd’hui. On peut lire sur la couverture de l’un d’eux, de mon écriture : « Nouveau Testament de Notre-Seigneur Jésus-Christ, appartenant à Camille Flammarion, 13 novembre 1848 ». On voit que ce livre n’avait rien de récréatif. Un autre a pour titre Manuel de l’orateur et du lecteur, par Duquesnois. Ce sont des exercices de récitation choisis, avec les règles de la prononciation, et des figures pour les gestes, des exemples, des sermons des grands orateurs, et, en fait, à l’âge de sept, huit et neuf ans, il se trouva que je réunis, pendant le carême, une douzaine de braves femmes du quartier, qui venaient entendre le soir, à la maison, mes lectures de Massillon et de Bossuet.

L’hiver de 1852-1853 a été consacré dans presque toutes ses soirées à ces lectures, que l’on écoutait comme des sermons. Cette vie très sérieuse m’intéressait plus que les amusements de mes anciens camarades d’école.

Le coup d’État du 2 décembre 1851 me frappa moins que la proclamation de la République en 1848,