parce que celle-ci avait été très mouvementée, tandis que la substitution de l’Empire à la République fut accompagnée d’une sorte de torpeur : la consigne était de se taire.
Vers l’âge de dix ans, dans la serre du juge de paix Lapre, où j’avais libre accès, j’avais observé avec une attention fiévreuse les mouvements des sensitives, et je m’étais dit qu’il n’y a pas de séparation réelle entre le règne animal et le règne végétal, dont j’avais pris une connaissance générale par une édition ancienne des œuvres choisies de Buffon. Ces mouvements des sensitives ne peuvent laisser indifférent un esprit observateur, surtout, peut-être, celui d’un enfant curieux.
Les enfants s’attachent et se souviennent de tout.
Que les années de l’enfance seraient précieuses si l’on savait meubler ces petits cerveaux ! On peut tout apprendre sans aucun effort.
Le travail ne m’était pas nécessaire pour avancer assez vite, et j’aimais assez faire autre chose, en dehors du programme.
C’est là mon troisième défaut, le premier étant l’absence d’énergie autoritaire, et le second la sensibilité nerveuse, comme on l’a vu plus haut.
C’est ainsi que je m’étais intéressé à tracer un plan du bourg de Montigny, assez bien orienté, et où toutes les maisons étaient faciles à retrouver, dans ces rues d’ailleurs peu nombreuses : une grande place, à Montigny-le-Haut, conduisant au château d’autrefois, la « voie » descendante de Montigny-le-Haut à Montigny-le-Bas, une grande rue de cultivateurs traversant le groupement du bas, et une série de petites rues. À propos de ces deux divisions du