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Page:Flat - Essais sur Balzac, 1893.djvu/23

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la préface de la « comédie humaine » .

trop précis, — l’intuition des grands problèmes dont la solution devait renouveler les sciences naturelles et les sciences morales. De même que les découvertes de Copernic et de Newton avaient précédemment bouleversé de fond en comble les notions acquises par l’humanité sur le système du monde, de même aussi les hypothèses fécondes des Lamarck et des Geoffroy Saint-Hilaire allaient exercer une réaction profonde sur l’esprit humain et renouveler son sens de la vie. L’œuvre de Balzac est imprégnée de cette bienfaisante influence. À ce titre, il fut au premier chef un moderne : il laissa le rare et magnifique exemple d’une entière compréhension des destinées littéraires, et il semble que sa Préface ait été composée pour donner une attestation solennelle à cette phrase d’un de ses contemporains : — « Le temps n’est pas loin où l’on comprendra que toute littérature qui se refuse à marcher fraternellement entre la science et la philosophie est une littérature homicide et suicide. »

L’idée maîtresse de la Comédie humaine vient d’une « comparaison entre l’humanité et l’animalité ». Cette proposition nous semble bien simple aujourd’hui ; il faut songer qu’elle fut formulée en 1842, c’est-à-dire sous l’influence des mémorables discussions entre Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire. À son heure, elle était étrangement hardie, mise en tête d’œuvre d’imagination, et passa pour une surprenante innovation. Depuis lors, l’esprit humain a marché : les vérités entrevues par Geoffroy Saint-