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Page:Flat - Essais sur Balzac, 1893.djvu/24

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chapitre premier.

Hilaire, qui représentaient à cette époque la limite extrême de l’effort scientifique, ont été reprises, confirmées, étendues, proclamées avec leurs conséquences, et ont abouti aux hypothèses darwiniennes. En nous plaçant à ce point de vue, l’opposition se fait aussitôt dans notre esprit entre la conception ancienne de la création, et la conception moderne de l’évolution. Au lieu de voir à tous les tournants de la pensée l’intervention d’une puissance surnaturelle, d’une Providence qui à chaque lacune de nos connaissances intervient comme un coup de miracle, une autre conception a dominé notre cerveau : celle de la continuité, des transformations successives et insensibles grâce auxquelles toutes choses ont passé de l’état indifférencié de la nébuleuse primitive à travers les stades divers qui constituent l’évolution cosmique, géologique, puis biologique, et se résument dans les matières qui firent le fond de l’étude de Balzac : l’évolution sociologique. Nous disons que le retentissement d’une telle doctrine doit être considérable et universel sur un esprit. Son effet principal est de communiquer à l’artiste, quand l’esprit qui en est pénétré se trouve être tel, la forme de pensée philosophique, ce qui au plus haut degré caractérise Balzac ; forme de pensée qui a pour trait capital l’intense sentiment qu’à tout phénomène, physique ou moral, il existe une ou plusieurs causes. Causalité, sentiment de la causalité : c’est un des traits saillants de son talent littéraire. Balzac n’assista qu’à la première phase de rénovation des sciences naturelles ; il