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Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 1.djvu/113

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Ô l’avenir, horizon rose aux formes superbes, aux nuages d’or, où votre pensée vous caresse, où le cœur part en extase et qui, à mesure qu’on s’avance, comme l’horizon en effet, car la comparaison est juste, recule, recule et s’en va ! Il y a des moments où l’on croit qu’il touche au ciel et qu’on va le prendre avec la main, — crac, une plaine, un vallon qui descend, et l’on court toujours, emporté par soi-même, pour se briser le nez sur un caillou, s’enfoncer les pieds dans la merde ou tomber dans une fosse.

Je fais de la physique et je crois que je passerai bien pour cette partie ; reste ces diables de mathématiques (j’en suis aux fractions, et encore je ne sais guère la table de multiplication ; j’aime mieux celle de Jay que celle de multiplication), et le grec ! Je te dis adieu pour commencer à préparer le de Corona. J’ai le temps, mais je m’y prends d’avance. Lis le Marquis de Sade et lis-le jusqu’à la dernière page du dernier volume ; cela complètera ton cours de morale et te donnera de brillants aperçus sur la philosophie de l’histoire.

Je fume avec toi le calumet de paix, ce qui veut dire que je vais bourrer ma pipe de caporal.

Adieu vieux bougre […].


40. AU MÊME.
[Rouen, 14 mars 1840.]
Maître paresseux,

Es-tu dessoulé du Carnaval ? es-tu dissous dans un verre de vin blanc, à la mode d’une pierre pré-