leur donnait une teinte blanche et vaporeuse. Tous les rochers à fleur d’eau scintillaient comme du diamant et à notre gauche les buissons de myrtes embaumaient. J’ai pensé à toi, ma bonne Caroline, et à la joie que tu aurais à voir tout cela. Tu as bien raison d’aimer gens et sites ; tout est admirable. Cet hiver, au coin du feu, nous en parlerons longuement tout en tisonnant.
Apprends une bonne fortune : nous serons guidés jusqu’à Corte par un ancien bandit de mes amis, actuellement commandant des voltigeurs corses ; puis je pourrai te lire la relation exacte et circonstanciée de la mort de Murat : M. Maltedo, chez lequel nous avons logé à Vico, est un ancien capitaine de vélites du roi de Naples, qui l’a suivi jusqu’à sa mort et qui, pour son dévouement, a été longtemps détenu dans les prisons d’Italie et de France.
Ça me semble une bonne chose de t’écrire, mon père Ernest, mais je ne sais pas, sacré nom de Dieu, où tu loges ; est-ce rue des Mathurins-Saint-Jacques, 26, ou rue Racine, ou dans quelque maison de passe dont j’ignore l’adresse ? Tâche de me le dire prochainement. Va-t’en voir un gredin nommé Hamard[1], qui demeure rue Saint-Hyacinthe-Saint-Michel (25 ?), et dis-lui qu’il m’écrive
- ↑ Émile Hamard, camarade et ami de Gustave Flaubert ; il épousa, en 1845, sa sœur Caroline.