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Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 1.djvu/163

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DE GUSTAVE FLAUBERT.

l’amour de la famille royale ? Pour moi je suis également très fâché de cet accident. On en parle trop ; on ne parle que de ça. C’est à faire vomir les honnêtes gens.

Puisque tu daignes approuver les choses spirituelles que je t’ai envoyées, en voici d’autres qui, je pense, exciteront un enthousiasme encore plus grand. Quels sont les Espagnols les moins généreux ? Ce sont les Navarrois, parce qu’ils vivent en Navarre. Quels sont les Suisses les plus étourdis ? Ce sont ceux qui sont à Uri.

Adieu, vieux rat.


66. À ERNEST CHEVALIER.
[Trouville, 6 septembre 1842.]

Il y a longtemps que je n’ai pris une plume, aussi la main me tremble-t-elle. J’ai les articulations des doigts raides ; on dirait un vieillard. Voici ma vie : je me lève à huit heures, je déjeune, je fume, je me baigne, je redéjeune, je fume, je m’étends au soleil, je dîne, je refume et je me recouche pour redîner, refumer, redéjeuner. Il m’ennuyait néanmoins de ne pas t’écrire et tu devais commencer à me trouver un paltoquet assez insipide. Enfin, aujourd’hui je m’y mets, n’ayant rien à te dire, sinon bonjour. Tu dois aller dans le Midi ; écris-moi souvent dans ton voyage. Je voudrais pouvoir le faire avec toi. Il y a deux ans, juste à cette époque-ci, je marchais sur l’herbe des Pyrénées, j’entendais la neige des glaciers craquer sous mes pas, la fumée des cascades me