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CORRESPONDANCE

Au reçu de ceci, tu calculeras la distance qu’il te faut pour me répondre, d’après les timbres de la poste. Dans 15 jours nous serons à Genève. Aussi écris-moi à Genève ; sinon, une huitaine après à Nogent, et enfin à Nogent [sic, pour Rouen].

N’as-tu as pour procureur du roi un M. Paoli, un gaillard qui boîte ? Présente-lui mes compliments, s’il se souvient de moi, et dis-lui que je me rappelle avec plaisir la manière dont son frère m’a reçu. C’est celui qui habite à Piedicroce.

Adieu, vieux, porte-toi bien et donne souvent de tes nouvelles ; je t’embrasse.


96. À ALFRED LE POITTEVIN.
Genève, 26 mai, lundi soir, 9 heures [1845].

J’ai vu avant-hier le nom de Byron écrit sur un des piliers du caveau où a été enfermé le prisonnier de Chillon. Cette vue m’a causé une joie exquise. J’ai plus pensé à Byron qu’au prisonnier, et il ne m’est venu aucune idée sur la tyrannie et l’esclavage. Tout le temps j’ai songé à l’homme pâle qui un jour est venu là, s’y est promené de long en large, a écrit son nom sur la pierre et est reparti. — Il faut être bien hardi ou bien stupide pour aller ensuite écrire son nom dans un séjour pareil.

Le nom de Byron est gravé de côté et il est déjà noir comme si on avait mis de l’encre dessus pour le faire ressortir ; il brille en effet sur la colonne