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Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 1.djvu/234

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CORRESPONDANCE

sérieux et jouir tout de bon ; j’en serais humilié ! C’est ce qu’il faudrait pourtant et c’est ce que je ne ferai pas. Un amour normal, régulier, nourri et solide, me sortirait trop hors de moi, me troublerait, je rentrerais dans la vie active, dans la vérité physique, dans le sens commun enfin, et c’est ce qui m’a été nuisible toutes les fois que j’ai voulu le tenter. D’ailleurs, si cela devait être, cela serait.

Qu’est-ce que tu bâtis à Paris, toi ? Te promènes-tu sur l’asphalte en pensant à moi ? As-tu été revoir ces vieux sauvages ? Nous avons passé une bonne soirée ensemble, quoique si courte ! Toutes les fois que j’entre à Paris, j’y respire à l’aise, comme si je rentrais dans mon royaume, et toi ?

Quel jour reviens-tu ? Le sieur Du Camp m’arrivera la semaine prochaine. Tu tâcheras de venir passer, trois ou quatre jours de suite, quelques heures dans l’après-midi et nous relirons mon roman. Je ne serai pas fâché pour mon propre compte de revoir l’effet qu’il me fera à six mois de distance.

Adieu, Carissimo, réponds-moi de suite comme tu me l’as promis.

As-tu vu souvent Du Camp ? Qu’est-ce que vous avez dit de bon ?


99. À ERNEST CHEVALIER.
Croisset [13 août 1845].

Je commençais vraiment à ne savoir que penser de toi, mon brave substitut, car tu as été bien longtemps à me répondre. « Est-il assassiné », me