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Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 3.djvu/128

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CORRESPONDANCE

Nous t’avons singulièrement simplifié la besogne, car je crois qu’elle est complètement terminée. Bouilhet cherche en ce moment le dernier vers. Il a été sublime.

Tout le morceau a été refait en entier par lui et il a eu une idée que j’ose qualifier de dantesque et obéliscale ; c’est, à propos des Barbares, de parler délicatement de l’abbé Gaume.

Le ver rongeur trouve là un asticot qui lui mord la queue. Bouilhet pense que ce sujet de l’Acropole pourrait bien avoir été donné en haine des attaques aux idées classiques, aux études antiques. Ces messieurs alors seront chatouillés à leur endroit sensible.

Admire le dernier vers, qui est d’un Casimir Delavigne achevé :

Et Midas aujourd’hui juge encore Apollon.


(Midas eut des oreilles d’âne pour avoir préféré Pan à Apollon.)

Maintenant, pour nous récompenser de notre pioche, qui n’a [pas] été médiocre, fais de suite (pour toi et pour nous) recopier le tout, comme nous l’avons corrigé ou refait, et envoie-le-moi de suite. Je le porterai à Bouilhet et nous verrons s’il reste encore quelque chose à redire. L’ensemble nous apparaîtra plus clairement ; mais je serais bien étonné si ce poème, maintenant, n’avait toutes les chances. Les vers excellents y abondaient, nous les avons fait saillir. Ceux qui avaient la figure sale ont été débarbouillés et la tourbe des médiocres expulsée sans pitié.

À toi, mille baisers et bon espoir.

Ton G.