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Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 3.djvu/193

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DE GUSTAVE FLAUBERT.

nulle, oui, nulle. Quant à de l’érudition, aucune. Mais d’ingénieux aperçus en masse, comme ceux-ci à propos de l’accusation de fratricide portée contre M.-J. Chénier : « Non, c’est une calomnie, j’en jure par le cœur de leur mère » ; ou bien en parlant de la Pucelle : « Le poème qu’il ne faut pas nommer » ; ou encore de Gibbon : « Et il resta muet et ministériel. » Toutes ces belles phrases sont accompagnées, dans les volumes où on les trouve, d’autres phrases imprimées en italiques et ainsi conçues : « Longs applaudissements de l’auditoire, vive émotion », etc. J’ai passé ma jeunesse à lire tous ces drôles, je les connais ; j’ai frappé depuis longtemps sur les poitrines en tôle de tous ces bustes, et je sais à la place du cœur le vide qu’il y a. Tout ce que j’apprends de leurs actions me paraît donc le corollaire de leurs œuvres. À la fin de ma troisième, à quinze ans, j’ai lu son Cours de littérature du moyen âge. J’étais à cet âge en état de l’écrire moi-même, ayant lu les ouvrages de Sismondi et de Fauriel sur les littératures du midi de l’Europe, qui sont les deux sources uniques où ce bon Villemain ait puisé ; les extraits cités dans ces livres sont les mêmes extraits cités dans le sien, etc. ! Et voilà les crétins qu’on nous pose toujours devant les yeux comme des gens forts ! Mais forts en quoi ? Il n’y a du reste que dans notre siècle où l’on soit arrivé ainsi à se faire des réputations avec des œuvres nulles ou absentes. Le chef de tous ces grands hommes-là était le père Royer-Collard, qui n’avait jamais écrit que quatre-vingts pages en toute sa vie, la préface des œuvres de Reid. Je crois que Villemain sait bien le latin, si tant est qu’on puisse comprendre toute la portée