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CORRESPONDANCE

pharmacien qui me faisaient à la fois beaucoup rire et grand dégoût, tant ce sera fétide d’idée et de tournure. J’en ai pour jusqu’à la fin du mois de juin, de cette première partie. J’ai relu presque tout. Le commencement sera à récrire, ou du moins à corriger fortement. C’est lâche et plein de répétitions. Je cherchais la manière qui, plus loin, est trouvée. Ça ne m’a pas semblé long et il y a de bonnes choses, mais par-ci par-là certains chics pittoresques inutiles, manie de peindre quand même, qui coupe le mouvement et quelquefois la description elle-même et qui donne ainsi, parfois, un caractère étroit à la phrase. Il ne faut pas être gentil. Il me semble du reste que les parties les plus nouvellement faites sont les meilleures. C’est peut-être une illusion, mais ça n’en est peut-être pas une, puisque, à mesure que j’avance, j’ai plus de mal. Si j’ai plus de mal, c’est que j’y vois plus loin. On peut juger du poids d’un fardeau aux gouttes de sueur qu’il vous cause.

Et ton drame ? Resserre bien ton plan, que chaque scène avance, pas de traits inutiles, mets de la poésie dans l’action, motive bien chaque entrée et chaque sortie, et que les vers soient roides. Pourquoi ai-je bonne opinion de ce drame ? Pourquoi ai-je le pressentiment qu’il sera reçu, applaudi, que ce sera un succès ? Envoie-moi un plan bien détaillé ; je suis curieux de le voir. Mais comme nous nous disputerons probablement !

Je crois le conseil du grand homme bon. Deux mille francs, après tout, sont à considérer et, en s’y prenant bien, il y a moyen de les avoir l’année prochaine. La vengeance les vaut-elle ? Note que tu ne peux publier l’Acropole [que] tout à fait bien cor-