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Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 3.djvu/219

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DE GUSTAVE FLAUBERT.

ponds. Mais alors, dès que ton plan de drame sera fait, au mois de septembre je suppose, nous reverrons donc à bâtir un plan de 2e Acropole. Bouilhet, qui sera alors à Paris, t’aiderait à la confection. Réfléchis à tout cela et tâche de comprendre, chère Muse, qu’il faut toujours avoir du temps devant soi et faire de suite afin de pouvoir faire à l’aise. Ne m’objecte pas l’inspiration. Les gens comme nous, Dieu merci, doivent savoir s’en passer.

Oui, je crois au succès de ton drame. Mais, si tu le fais dans des idées heurtantes, non. Fais-le en vue du public éternel, sans allusion, sans époque, dans la plus grande généralité et il ne heurtera rien et sera plus large. Après une première réussite, tu pourras déployer tes ailes en liberté. Bouilhet est dans la même position. Les conditions de son drame le dégoûtent assez, à cause de toutes les privations qu’il faudra qu’il s’y impose. Mais il ne l’exécutera pas moins au point de vue théâtral, et pour réussir. La condition d’honnêteté, c’est le style. Voilà tout, et il faut réussir, bonne Muse, il le faut. C’est facile, ne fût-ce que pour s’imposer ensuite, impérieusement.

Le rire a empêché l’indignation ; la pitié a presque attendri ma colère.

Je regarde cet article de Villemain comme un hommage involontaire de la bêtise au génie. J’eusse douté de la Paysanne, que je suis maintenant convaincu de son excellence, car il n’a pu lui rien reprocher. Les vers qu’il cite comme mauvais sont des meilleurs, et le blâme d’immoralité, d’irréligion, couronne le tout ! C’est splendide.