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Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 3.djvu/302

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CORRESPONDANCE

à Paris et que jamais je ne m’y suis tant plu ? Il y a aujourd’hui quinze jours à cette heure, je revenais de Chaville et j’arrivais chez toi. Comme c’est loin déjà ! Il y a quelque chose derrière nous qui tire vers le lointain les objets disparus, avec la rapidité d’un torrent qui passe. La difficulté que j’ai à me recueillir maintenant vient sans doute de ces deux dérangements successifs. Le mouvement est arrêté. Loin de ma table, je suis stupide. L’encre est mon élément naturel. Beau liquide, du reste, que ce liquide sombre ! et dangereux ! Comme on s’y noie ! comme il attire !

Allons, adieu, chère bonne Muse, bon courage, travaille bien ! Tu me parais en dispositions crânes. Mille compliments à la servante, mille baisers à la maîtresse. À toi tout. Ton G.


414. À LOUISE COLET.

Entièrement inédite.

16 août 1853, mardi, midi.

Je t’écrirai ce soir, bonne chère Muse, et verrai ta correction. N’ayant aucun dictionnaire sous la main, je ne sais à quelle époque est mort Giotto. J’essaierai de t’arranger cela ce soir.

Je n’ai pas reçu de paquet, comme il me semble que tu me l’annonces dans ta lettre de ce matin.

Voilà deux jours que je suis fort occupé et drôlement. Je n’ai pas dormi cette nuit. Je suis sur pied depuis 4 heures du matin. Je te conterai cela.

Adieu, mille baisers et tendresses.

À toi. Ton G.