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CORRESPONDANCE

Grand moutard ! fous-toi un peu plus doctoralement d’autrui, de ses opinions, de ses discours et de son estime même. Le seul moyen de rester tranquille dans son assiette, c’est de regarder le genre humain comme une vaste association de crétins et de canailles. Plaire à tout le monde est trop difficile. Pourvu qu’on se plaise, ça c’est l’important, et la tâche bien souvent n’est déjà pas si aisée.

Quand te verra-t-on ? Quand viendras-tu ? toi, ta femme et Mme Leclerc, que ma mère sera fort aise de recevoir de nouveau ? Quant à t’aller voir, je ne peux te le promettre prochainement. Mais si tu ne pouvais venir (ce que je ne crois pas), j’irais un de ces jours aux Andelys, m’assurer moi-même de ta parfaite connaissance dont j’attends des nouvelles. Adieu, vieux. Mille amitiés à toi et pour tous les tiens.


450. À LOUISE COLET.

Entièrement inédite.

Mercredi soir [Janvier 1854].

Qu’est-ce que Bouilhet me conte ? Je n’y comprends goutte ! Il me dit que tu te plains de n’avoir pas de lettres de moi, que je t’oublie, etc… Si je n’avais la tête vissée d’aplomb sur les épaules, voilà de ces choses qui me la feraient tourner. En fait de lettres, celle-ci est la troisième depuis vendredi. Or, à moins que de s’écrire tous les jours, je ne vois guère moyen de s’écrire plus souvent.