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CORRESPONDANCE

451. À LOUISE COLET.

Entièrement inédite.

Mardi, minuit.

Si je ne t’ai pas reparlé de l’affaire du Philosophe, c’est que je croyais que c’était entièrement fini, quant à présent du moins, et fini par un refus formel de sa part. Malgré l’avis contraire de Béranger, je persiste à penser que le mien était bon, si toutefois tu continues à le tenir ferme. Je t’ai donné ce conseil d’après les données de son caractère, que tu m’as dit être faible ; et, cela admis, j’avais raison ! Donc, attends et tiens bon, et ne crois plus, chère Muse, que je ne m’intéresse pas à tes affaires. Rien de ce qui te touche, au contraire, ne m’est indifférent. Je voudrais te voir, avant tout, heureuse, heureuse de toute façon, de toute manière, heureuse d’argent, de position, de gloire, de santé, etc., et si je savais quelqu’un qui pût te donner tout cela, je t’irais le chercher pieds nus.

Le bonheur, ou ce qui en approche, est un composé de petits bien-être, de même que le non-malheur ne s’obtient que par la plénitude d’un sentiment unique qui nous bouche les ouvertures de l’âme à tous les accidents de la vie.

N’est-ce pas vendredi prochain que l’on décide le prix ? J’attends dimanche matin avec anxiété.

Tu me verras dans trois semaines au plus tard. Je n’ai plus, d’ici à mon départ, que cinq ou six pages à faire et, de plus, sept ou huit à moitié ou aux deux tiers faites. Je patauge en plein dans