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Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 3.djvu/445

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APPENDICE.

Sortant de leurs débris la Tour vénitienne
Heurte de sa lourdeur la grâce athénienne ;
Elle passe du front le portique éclatant,
De sa beauté tranquille il l’écrase pourtant
Et la forme ineffable, éternellement pure
Découpe au bleu du ciel sa sereine structure.
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Et de cette hauteur il voit fuir l’Illisus,
Il aperçoit au pied du mont Lycabethus
L’Athènes renaissante et le bois séculaire
Des oliviers sacrés. — Au rivage, Phalère,
Le Pirée. — Au delà, belle encore de son nom,
Salamine ! et là-bas, à l’extrême horizon,
Par les feux du couchant Corinthe couronnée
Dressant sur les deux mers sa tête illuminée !
Alors, comme des flots qu’on entendait venir,
Sur le passé muet monte le souvenir.
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Des peuples primitifs le culte était l’emblème,
Dans leur religion passait leur esprit même.
Leur foi déifiait l’idéal adoré.
Quand le peuple était grand, c’était un grand symbole
L’âme d’Athène ainsi plana sur l’Acropole
Dans le temple du dieu qu’elle avait préféré.

Ce n’était pas Vénus au sourire impudique,
Entre ses bras ouverts berçant le monde antique
Et vers l’homme abaissant la dignité des cieux
C’était l’âme du Beau, c’était la foi guerrière,
C’était la pudeur sainte et l’amour sérieux,
C’était Minerve, vierge altière !

III

Athènes ! tu naissais à peine quand Pallas
T’anima de son cceur, te soutint de son bras,