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CORRESPONDANCE

le Richard III[1] que je n’ai pas eu le temps de lire, et un volume de gravures antiques, afin de donner un peu de poids au paquet, et qui te sera peut-être utile. Sois sans crainte, le plan que B[ouilhet] t’a envoyé lundi avait été la veille arrêté par nous deux, de même que les corrections que tu trouveras en marge de ton manuscrit sont nos corrections. Quand je dis corrections, c’est plutôt observations, car nous n’avons rien corrigé ; mais enfin nous avons bien passé à ce travail trois bonnes heures dimanche soir et je n’ai rien omis d’important, j’en suis sûr. Quant à ce qui t’arrête pour la fin, pourquoi donc t’embarrasses-tu ? Tu n’as pas besoin de préciser l’époque. Peins vaguement la vie de Jean à l’armée et le temps qu’il y reste. L’idée des Invalides est mauvaise d’ailleurs. Si les pontons, à cause de la date, te gênent, tu peux le faire prisonnier en Sibérie et revenant à pied à travers l’Europe au bout de longues années (mais ne t’avise pas alors de me peindre son voyage, et surtout pas d’effet de neige ! cela gâterait ta comparaison des vaisseaux dans les mers de glace qui est plus haut). Ne te dépêche pas pour les corrections et attends que les bonnes te viennent.

J’ai lu le Livre posthume[2] ; est-ce pitoyable, hein ? Je ne sais pas ce que tu en as dit à Bouilhet, mais il me semble que notre ami se coule. Il y a loin de là à Tagahor[3]. On y sent un épuisement radical ; il joue de son reste et souffle sa dernière note. Ce

  1. Drame de Victor Séjour.
  2. De Maxime Du Camp, en cours de publication dans la Revue de Paris.
  3. Conte hindou, de Maxime Du Camp, paru l’année précédente dans la Revue de Paris.