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DE GUSTAVE FLAUBERT.

pour toutes avec les excentricités, quelles qu’elles soient. Je rentrerais par là dans l’idée démocratique moderne d’égalité, dans le mot de Fourier que les grands hommes deviendront inutiles ; et c’est dans ce but, dirais-je, que ce livre est fait. On y trouverait donc, par ordre alphabétique, sur tous les sujets possibles, tout ce qu’il faut dire en société pour être un homme convenable et aimable.

Ainsi on trouverait :

Artistes : sont tous désintéressés.

Langouste : femelle du homard.

France : veut un bras de fer pour être régie.

Bossuet : est l’aigle de Meaux.

Fénelon : est le cygne de Cambrai.

Négresses : sont plus chaudes que les blanches.

Érection : ne se dit qu’en parlant des monuments, etc.

Je crois que l’ensemble serait formidable comme plomb. Il faudrait que, dans tout le cours du livre, il n’y eût pas un mot de mon cru, et qu’une fois qu’on l’aurait lu on n’osât plus parler, de peur de dire naturellement une des phrases qui s’y trouvent. Quelques articles, du reste, pourraient prêter à des développements splendides, comme ceux de Homme, Femme, Ami, Politique, Mœurs, Magistrat. On pourrait d’ailleurs, en quelques lignes, faire des types et montrer non seulement ce qu’il faut dire, mais ce qu’il faut paraître.

J’ai lu ces jours-ci les contes de fées de Perrault ; c’est charmant, charmant. Que dis-tu de cette phrase : « La chambre était si petite que la queue de cette belle robe ne pouvait s’étendre ». Est-ce énorme d’effet, hein ? Et celle-ci : « Il vint des rois