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DE GUSTAVE FLAUBERT.

qui sera le terme de la première partie de la deuxième. Je n’en suis pas encore au point où je croyais arriver pour l’époque de notre entrevue à Mantes. Vois quel amusement ! Enfin, à la grâce de Dieu ! Dans huit jours nous serons ensemble ; cette idée me dilate la poitrine.

Je ne t’engage pas à inviter Villemain et, avec ma vieille psychologie de romancier, voici mes motifs : 1o tu as besoin de lui pour ton prix ; 2o nous sommes jeunes ; 3o il est vieux. Qui te dit qu’il ne sera pas embêté du petit prônage de Bouilhet ? Ces gens sur le déclin sont jaloux ; ici pas d’objection, c’est une règle. De plus, comme il te fait la cour et que c’est un homme fin, il s’apercevra (ou on lui dira, ou il le supposera, ou il finira par le savoir) que la place désirée est prise, et par moi, second motif pour l’indisposer. Garde toutes ses bonnes volontés et, sans faire la coquette, laisse toujours du vague. Il ne faut pas s’endormir sur le fricot, comme eût dit ce bon Pradier. Je crois donc que ce serait maladroit que de l’inviter à ta soirée. Tu penses bien que, pour moi personnellement, sa connaissance me serait plutôt agréable. Mais comme, en cette circonstance, elle n’est utile à aucun de nous trois, et qu’il pourrait au contraire sortir de là avec un peu de mauvais vouloir à ton endroit, il vaut mieux s’abstenir.

C’est comme pour Jourdan : nous n’avons besoin d’aucune relation (indirecte) avec Du Camp. Il irait clabauder chez lui ce qui s’est fait et dit chez toi. Je peux l’y revoir le lendemain ; ce seraient des questions. Non, non. Enfin, mon troisième refus est relatif à Béranger. Bouilhet ne demande pas mieux que d’y aller avec toi ; mais