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Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 4.djvu/104

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CORRESPONDANCE

temps. J’ai la conviction que, s’il avait voulu, tu aurais eu une lecture. Son père m’a fait une crasse pareille au milieu des démarches que je faisais pour la nomination d’Achille en remplacement de mon père, il a mis tout à coup des bâtons dans les roues. Je lui ai passé par-dessus le corps, à lui et à d’autres, mais il m’en a coûté. Revenons à toi.

Rappelle-toi d’abord qu’il faut toujours espérer quand on désespère et douter quand on espère. Il se peut que tu réussisses à l’Odéon par cette seule raison que tu ne t’attends plus à rien. Mais fais comme si tu t’attendais à beaucoup. Et, encore une fois, trémousse-toi. Grand poète, mais mince diplomate.

Je t’en prie et supplie, puisque tu es ami avec Sandeau, va le voir, ne le perds pas de vue, et demande-lui ce que tout cela veut dire, ou autrement d’où tenait-il cette certitude de ta réception ? Va également chez Laffite (comme pour le remercier de l’intérêt qu’il a pris à toi) et tu sauras peut-être quelque chose. Laugier a-t-il fait un rapport ? l’as-tu lu ? as-tu vu enfin Houssaye ? Tu crois que tout cela est inutile puisque tu as renoncé aux Français. Non ! non ! au contraire.

Dès que je serai à Paris, dans une quinzaine, vers le 20, ou plutôt dès que Mme Stroelin y sera, c’est-à-dire vers le 1er novembre, nous nous occuperons de toi. D’ici là tiens-toi tranquille, mais vois un peu ce que tu veux, car on ne peut pas comme des imbéciles aller demander vaguement une place et quand on vous répliquera « laquelle » dire : « Ah ! je ne sais pas ». Informe-toi. Il me semble que c’est le moins que tu puisses faire pour