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Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 4.djvu/11

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DE GUSTAVE FLAUBERT.

de soie noire du bourgeois. Qu’est-ce que tout cela nous fout ? Faisons notre devoir, nous autres. Que la Providence fasse le sien !

Tu me dis que rien bientôt ne pourra plus t’arracher de larmes. Tant mieux, car rien n’en mérite, si ce n’est des larmes de rire, « pour ce que rire est le propre de l’homme ».

Bouilhet me paraît très content de la Sylphide. […] Il est, du reste, peu exalté. C’est comme ça qu’il faut être. Laissez l’exaltation à l’élément musculaire et charnel, afin que l’intellectuel soit toujours serein. Les passions, pour l’artiste, doivent être l’accompagnement de la vie ; l’art en est le chant. Mais si les notes d’en bas montent sur la mélodie, tout s’embrouille.

Aussi moi, gardant chaque chose à sa place, je vis par casiers. J’ai des tiroirs, je suis plein de compartiments comme une bonne malle de voyage, et ficelé en dessus, sanglé à triple étrivière.

Maintenant je pose ton doigt à une place secrète, ta pensée sur un coin caché et qui est plein de toi-même et je vais m’endormir avec ton image et en t’envoyant mille baisers.

À toi. Ton G.

453. À LOUISE COLET.

En partie inédite.

[Croisset] Vendredi soir, 1 heure [13 janvier 1854].

Tu ne me parles pas, dans ton petit mot de ce matin, chère Louise, de la résolution que tu as prise, relativement à la Servante. J’attendais pour-