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CORRESPONDANCE

498. À MADAME MAURICE SCHLÉSINGER.
Croisset, 2 octobre [1856].
Chère Madame,

Pardonnez-moi d’abord un mouvement d’égoïsme : votre charmante et si affectueuse lettre m’est arrivée hier, le jour même et juste au moment de mon début.

Cette coïncidence m’a étrangement remué. N’y a-t-il pas là un « curieux symbolisme », comme on dirait en Allemagne ?

Voilà même pourquoi je ne puis (comme je l’avais d’abord espéré) me rendre aux noces de Mlle Maria[1]. Je vais être fort occupé jusqu’à la fin de décembre, époque où j’en serai quitte avec la Revue de Paris. Mais comme avec vous j’ai toutes mes faiblesses, je ne veux pas que vous me lisiez dans un journal, par fragments et avec quantité de fautes d’impression.

Vous ne recevrez donc la chose qu’en volume. Mais le premier exemplaire sera pour vous. — Causons de choses plus sérieuses. — Je m’associe du plus profond de l’âme aux souhaits de bonheur que vous faites pour votre chère enfant, moi qui suis certainement sa plus vieille connaissance. Car je me la rappelle à trois mois sur le quai de Trouville, au bras de sa bonne, et tambourinant contre les carreaux pendant que vous étiez à table dans le coin, à gauche. Il y avait eu un bal par souscription et une couronne en feuilles de chêne

  1. Fille de Mme Schlésinger.