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DE GUSTAVE FLAUBERT.

abstrait, dont vous êtes l’interprète. Or, voici ce que j’ai à répondre à la Revue de Paris[1] :

1o Elle a gardé pendant trois mois Madame Bovary, en manuscrit, et, avant d’en imprimer la première ligne, elle devait savoir à quoi s’en tenir sur ladite œuvre. C’était à prendre ou à laisser. Elle a pris, tant pis pour elle ;

2o Une fois l’affaire conclue et acceptée, j’ai consenti à la suppression d’un passage fort important, selon moi, parce que la Revue m’affirmait qu’il y avait danger pour elle. Je me suis exécuté de bonne grâce ; mais je ne vous cache pas (c’est à mon ami Pichat que je parle) que ce jour-là, j’ai regretté amèrement d’avoir eu l’idée d’imprimer.

Disons notre pensée entière ou ne disons rien ;

3o Je trouve que j’ai déjà fait beaucoup et la Revue trouve qu’il faut que je fasse encore plus. Or je ne ferai rien, pas une correction, pas un retranchement, pas une virgule de moins, rien, rien !… Mais si la Revue de Paris trouve que je la compromets, si elle a peur, il y a quelque chose de bien simple, c’est d’arrêter là Madame Bovary tout court. Je m’en moque parfaitement.

Maintenant que j’ai fini de parler à la Revue, je me permettrai cette observation, ô ami :

En supprimant le passage du fiacre, vous n’avez rien ôté de ce qui scandalise, et en supprimant, dans le sixième numéro, ce qu’on me demande, vous n’ôterez rien encore.

  1. Voir les détails de cet incident dans Madame Bovary, appendice p. 512.