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DE GUSTAVE FLAUBERT.

À l’heure où tu recevras ceci, mon affaire sera probablement finie ; mais comme elle peut cependant traîner, fais écrire de Rouen à Paris, par qui tu jugeras convenable, mais n’écris rien, toi.

Je t’embrasse.

Ton frère.

508. À SON FRÈRE ACHILLE.
[Paris] Samedi matin, 10 heures [3 janvier 1857].

Merci d’abord de la proposition, mais il est complètement inutile que tu te déranges. Et puis, pardonne-moi l’incohérence de mes lettres, je suis tellement ahuri, harcelé, fatigué, que je dois souvent dire des bêtises. Voilà trois jours que je n’arrête pas, je dîne à 9 heures du soir, et j’ai régulièrement pour une vingtaine de francs de voiture.

Tout ce que tu as fait est bien. L’important était et est encore de faire peser sur Paris par Rouen. Les renseignements sur la position influente que notre père et que toi a eue et as à Rouen sont tout ce qu’il y a de meilleur ; on avait cru s’attaquer à un pauvre bougre, et quand on a vu d’abord que j’avais de quoi vivre, on a commencé à ouvrir les yeux. Il faut qu’on sache au Ministère de l’Intérieur que nous sommes, à Rouen, ce qui s’appelle une famille, c’est-à-dire que nous avons des racines profondes dans le pays, et qu’en m’attaquant, pour immoralité surtout, on blessera beaucoup de monde. J’attends de grands effets de la lettre du préfet au Ministre de l’Intérieur.