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CORRESPONDANCE

Onction copiée dans le Rituel de Paris. Mais ces bons magistrats sont tellement ânes qu’ils ignorent complètement cette religion dont ils sont les défenseurs ; mon juge d’instruction, M. Treilhard, est un juif et c’est lui qui me poursuit ! Tout cela est d’un grotesque sublime.

Quant à lui, Treilhard, je te prie et au besoin te défends, cher frère, de rien lui écrire, tu me compromettrais ; tiens-toi pour averti.

J’ai été jusqu’à présent très beau, ne nous dégradons pas.

Mon affaire va être arrêtée probablement cette nuit, par une dépêche télégraphique venue de la province ; cela va tomber sur ces messieurs sans qu’ils sachent d’où, ils sont tous capables de mettre leurs cartes chez moi demain soir.

Je vais devenir le lion de la semaine, toutes les hautes garces s’arrachent la Bovary pour y trouver des obscénités qui n’y sont pas.

Je dois demain voir M. Rouland[1] et le directeur général de la police.

On me fait de très belles propositions au Moniteur en même temps. Comprends-tu ?

Mon affaire est très compliquée, et ce qu’il y a de plus étranger à la persécution que l’on me fait subir, c’est moi et mon livre ; je suis un prétexte ; il s’agit pour moi de sauver (cette fois) la Revue de Paris… À moins que la Revue ne m’entraîne avec elle.

Blanche, Florimont, etc., etc., s’occupent de moi, je ne rencontre partout qu’une extrême bienveillance.

  1. Ministre de l’Instruction publique.