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DE GUSTAVE FLAUBERT.

En l’attendant, tu peux te vanter d’avoir fait un certain chapitre xvii qui est un morceau.

Si tu crois que tu m’amèneras au culte du simple et du carré de choux, détrompe-toi, mon vieux ! détrompe-toi ! Je sors d’Yonville, j’en ai assez ! Je demande d’autres guitares maintenant. Chaussons le cothurne et entamons les grandes gueulades. Ça fait du bien à la santé.

As-tu lu mon éreintement dans l’Univers ? J’attire la haine du parti-prêtre, c’est trop juste. Les mânes d’Homais se vengent.

Je déclare, du reste, que tous ces braves gens-là (de l’Univers, de la Revue des Deux Mondes, des Débats, etc.) sont des imbéciles qui ne savent pas leur métier. Il y avait à dire contre mon livre bien mieux, et plus. Un jour que nous serons seuls chez moi et les portes barricadées, je te coulerai dans le tuyau de l’oreille mes opinions secrètes sur la Bovary. J’en connais mieux que personne les défauts et les vraies fautes. Ainsi il y avait tout au commencement une monstruosité grammaticale dont aucun, bien entendu, ne s’est aperçu[1]. Mais tout cela importe fort peu.

J’entamerai probablement Carthage dans un mois. Je laboure la Bible de Cahen, les Origines d’Isidore, Selden et Braunius. Voilà ! J’ai bientôt lu tout ce qui se rapporte à mon sujet de près ou de loin, et bien que tu m’accuses d’ignorance crasse en botanique, je te f… une flore tunisienne

  1. La dédicace du roman à Sénard était dans l’édition originale : « … Acceptez donc ici l’hommage de ma gratitude qui, si grande qu’elle puisse être, ne sera jamais à la hauteur de votre éloquence ni de votre dévouement. » Dans les éditions postérieures, ni est remplacé par et.