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DE GUSTAVE FLAUBERT.

d’un petit bonhomme ! C’est beau ! Quel maître art !

Le citoyen Bouilhet est venu dernièrement ici passer une dizaine de jours. Il avait été à Paris et s’était transporté quatre fois à l’Odéon pour te parler de son drame qu’il pense avoir fini à la fin de décembre. Nous avons employé tout notre temps à nous désoler conjointement, lui de son drame et moi du roman que je vais faire. Notre occupation principale a été de trembler comme des foirards. Nous étions tristes comme des tombeaux et plus bêtes que des cruches. Tel fut l’état de tes deux amis.

Je vais, dans une quinzaine, me mettre à du neuf. C’est une histoire qui se passe 240 ans avant Jésus-Christ. J’en ai une angoisse terrible et vague, comme lorsqu’on s’embarque pour un long voyage. En reviendra-t-on ? Qu’arrivera-t-il ? On a peur de s’en aller, et pourtant on brûle de partir. La littérature, d’ailleurs, n’est plus pour moi qu’un supplice […]. Cette métaphore, peut-être indécente, est uniquement pour te faire comprendre que je suis em…, voilà ! Écrire me semble de plus en plus impossible. « Bienheureux Scudéry, etc. »

Et toi ? Humes-tu bien l’air « pur et vivifiant » des montagnes ? Fais-tu des rencontres ? T’arrive-t-il des histoires de jeune homme ?

J’espère toujours avoir l’honneur de ta visite dans ma maison des champs cet été ou cet automne.

Adieu, cher vieux, mille poignées de mains.

Sais-tu que j’ai été éreinté, pulvérisé par l’Univers ? Cinq colonnes ! Le « parti-prêtre », ce vieux