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DE GUSTAVE FLAUBERT.

posait. Je veux ne faire partie de rien, n’être membre d’aucune académie, d’aucune corporation ni association quelconque. Je hais le troupeau, la règle et le niveau. Bédouin, tant qu’il vous plaira ; citoyen, jamais. J’aurai même grand soin, dût-il m’en coûter cher, de mettre à la première page de mes livres que la reproduction en est permise, afin qu’on voie que je ne suis pas de la Société des gens de lettres, car j’en renie le titre d’avance, et je prendrais, vis-à-vis de mon concierge, plutôt celui de négociant ou de chasublier. Ah ! ah ! je n’aurai pas tourné dans ma cage pendant un quart de siècle, et avec plus d’aspiration à la liberté que les tigres du Jardin des Plantes, pour m’atteler ensuite à un omnibus et trottiner d’un pas tranquille sur le macadam commun. Non, non. Je crèverai dans mon coin comme un ours galeux, ou bien l’on se dérangera pour voir l’ours. Il y a une chose toute nouvelle et charmante à faire dans ton journal, une chose qui peut être presque une création littéraire, et à quoi tu ne penses pas, c’est l’article mode. Je t’expliquerai ce que je veux dire, dans ma prochaine. Il me reste à peine assez de place pour te dire que ton Gustave t’embrasse.


456. À LOUISE COLET.
[Croisset] Dimanche soir [29 janvier 1854].

J’espère bien qu’au milieu de la semaine prochaine, bonne chère Louise, nous nous verrons enfin !!! J’ai bon pressentiment de ce voyage. Je serai logé plus près de toi ; j’aurai peu de courses,