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Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 4.djvu/236

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CORRESPONDANCE

un éminent service, ce serait de ne pas plus parler de ce roman que s’il ne devait pas exister.

Si je le fais, il sera pour vous, puisque je vous l’ai promis. Il y en a un chapitre d’écrit. C’est détestable. Je me suis engagé, j’en ai peur, dans une œuvre impossible… Est-il indispensable que vous l’annonciez ? En ne disant rien, songez, cher ami, que vous m’épargnerez un ridicule, si je renonce à cette œuvre par impossibilité de l’exécuter, ce qui est bien possible.

Voyons, soyez généreux ; ne parlez pas du Flaubert.

En tout cas, je serai à Paris vers le 20 du mois prochain. Attendez jusque-là, je vous en prie. Qui vous talonne ?

À bientôt donc, et croyez-moi, nonobstant mes embêtements, le vôtre qui vous serre la main très fort.


562. À MADEMOISELLE LEROYER DE CHANTEPIE.
[Croisset, 4 novembre 1857.]

Comme je suis honteux envers vous, ma chère correspondante ! Aussi, pour me prouver que vous ne me gardez aucune rancune, répondez-moi tout de suite. N’imitez pas mon long silence, le motif n’en a pas été gai, je vous assure. Si vous saviez comme je me suis ennuyé, rongé, dépité ! Il faut que j’aie un tempérament herculéen pour résister aux atroces tortures où mon travail me condamne. Qu’ils sont heureux, ceux qui ne rêvent pas l’impossible ! On se croit sage parce