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CORRESPONDANCE

serrons-les comme des andouilles et des carottes de tabac. Masturbons le vieil art jusque dans le plus profond de ses jointures. Il faut que tout en pète, monsieur.

Voilà huit jours que je suis complètement seul. Je travaille raide, jusqu’à 4 heures du matin toutes les nuits. Ça commence à marcher, c’est-à-dire à m’amuser, ce qui est bon signe. La solitude me grise comme de l’alcool. Je suis d’une gaieté folle, sans motifs, et je gueule tout seul de par les appartements de mon logis, à me casser la poitrine. Tel est mon caractère.


593. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, samedi soir [décembre] 1858.
Mon pauvre Chat,

Je m’ennuie beaucoup de ta petite personne. Aussi ta lettre m’a fait grand plaisir ; écris-moi le plus souvent que tu pourras, et le plus longuement possible.

Dis-moi si l’Anglaise qui te donne des leçons te plaît : fais-moi son portrait. Je compte que l’on me régalera à mon arrivée d’un trio piano, violon et cor de chasse. J’aimerais à te voir te débattant entre deux musiciens.

Maman t’a-t-elle conduite à une gymnastique ?

Je n’ai aucune nouvelle à t’apprendre, car je ne vois pas un chat. On a découvert, dans le jardin,