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DE GUSTAVE FLAUBERT.

moral. Il n’y a pas de désillusion qui fasse souffrir comme une dent gâtée, ni de propos inepte qui m’agace autant qu’une porte grinçante, et c’est pour cela que la phrase de la meilleure intention rate son effet, dès qu’il s’y trouve une assonance ou un pli grammatical.

Adieu, je t’embrasse.

À toi. Ton G.

Rien du Crocodile. C’est polos certainement. Je t’enverrai là-dessus une note. Envoie les quatre prospectus à la fois. Ce sera pour moi le moyen de faire qu’ils ne se ressemblent pas. Et dis-moi quand est-ce qu’il faut que cela soit prêt.


458. À LOUISE COLET.
[Croisset] Nuit de samedi, 1 heure
[25 février 1854].

Je crois que me voilà renfourché sur mon dada. Fera-t-il encore des faux pas à me casser le nez ? A-t-il les reins plus solides ? Est-ce pour longtemps ? Dieu le veuille ! Mais il me semble que je suis remis. J’ai fait cette semaine trois pages et qui, à défaut d’autre mérite, ont au moins de la rapidité. Il faut que ça marche, que ça coure, que ça fulgure, ou que j’en crève ; et je n’en crèverai pas. Mon rhume m’a peut-être purgé le cerveau, car je me sens plus léger et plus rajeuni. J’ai pourtant tantôt perdu une partie de mon après-midi, ayant reçu la visite d’un oncle de Liline qui m’a tenu trois heures. Il m’a, du reste, dit deux beaux mots