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CORRESPONDANCE

moi je m’en méfie. J’en ai plein le dos et en prends le moins possible. C’est plus lâche, mais plus prudent — ou plutôt il n’y a dans tout cela aucun système : chacun suit sa voie et roule sur la petite pente, comme le Maktoûb l’a résolu. Écris-moi quand tu n’auras rien de mieux à faire.

Mille bonheurs — et longs surtout.

Je t’embrasse.

Je suis ce soir éreinté à ne pouvoir tenir ma plume, c’est le résultat de l’ennui que m’a causé la vue d’un bourgeois. Le bourgeois me devient physiquement intolérable. J’en pousserais des cris.


671. À MADEMOISELLE AMÉLIE BOSQUET.
[Croisset] Mardi soir [février 1861].

J’ai lu en deux séances votre roman[1], dont je suis ravi. C’est plein de choses exquises, rares, délicates ! (Partout l’observation vient de vous.) Bref, je ne doute pas du succès de ladite œuvre.

Cependant je me permettrai deux ou trois observations de pédant, sur des seconds et troisièmes plans qui me paraissent un peu négligés.

Tâchez d’être seule dimanche prochain dans l’après-midi, afin que nous ayons nos aises pour littératurer à loisir.

Il y a moyen, je crois, en huit jours, de faire de ce livre un chef-d’œuvre ou quelque chose

  1. Louise Meunier (Paris, Hetzel, 1861.)