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CORRESPONDANCE

représenter saint Jean-Baptiste !! Où sont Jourdan et Labédollière ?

Si tu étais ici, devant chaque maison et chaque buisson, je pourrais te raconter un chapitre de ma jeunesse. J’ai tant de souvenirs en ces lieux, qu’avant-hier au soir, en arrivant, j’en étais comme grisé. (Paraphrase de la tristesse d’Olympio, mon cher monsieur.) Ah ! j’y ai bien aimé, bien rêvé et bu pas mal de petits verres avec des gens maintenant morts.

Adieu, cher vieux ; écris-moi quand ça ne t’embêtera pas.


682. À ERNEST FEYDEAU.

En partie inédite.

Croisset, mercredi soir 
[deuxième quinzaine de juin 1861.]

Tu ne me parais pas te réjouir infiniment, mon vieux Feydeau ? et je le conçois ! l’existence n’étant tolérable que dans le délire littéraire. Mais le délire a des intermittences ; et c’est alors que l’on s’embête.

J’applaudis à ton idée de faire une pièce après ton livre sur Alger. Pourquoi veux-tu l’écrire dans des « tons doux » ? Soyons féroces, au contraire ! Versons de l’eau-de-vie sur ce siècle d’eau sucrée. Noyons le bourgeois dans un grog à XI mille degrés et que la gueule lui en brûle, qu’il en rugisse de douleur ! C’est peut-être un moyen de l’émoustiller ? On ne gagne rien à faire des concessions,