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DE GUSTAVE FLAUBERT.

recevoir. L’expression de « grigou » que tu lui as appliquée est superbe de justesse, surtout quand on connaît son costume d’été. Il s’est acheté une sorte de paletot en coutil bleu moyennant la somme de vingt-cinq francs, qui ressemble à du papier à sucre. Cela est monstrueux d’ignoble, et bien que l’étoffe soit légère, je t’assure qu’elle pèse à l’œil plus qu’un paletot de bronze ! ô esprit français ! ô goût ! ô économie !

Rouen résonne de discours. C’est l’époque des distributions de prix et des solennités académiques. Aussi nos feuilles quotidiennes sont-elles bourrées de littérature !!! Pouchet s’est signalé par un discours « religieux » où il célèbre les magnificences de la nature et prouve l’existence de Dieu par le tableau varié de la création. Ce bon zoologue tourne au mysticisme.

Hier, séance publique de l’Académie[1] : réception de M. Jolibois, avocat général, lequel a pris pour texte : « De la loi sur le travail des enfants dans les manufactures ». Puis M. Deschamps a lu un dialogue en vers où il fait l’éloge de la propriété et de la Gabrielle du gars Augier, etc. ! etc. ! etc. ! et partout éloge de l’empereur ! Ah ! saint Polycarpe ! Tu vois que s’il y a des cochonneries à Paris, la province n’en chôme pas.

Triste nouvelle : j’ai vu que la pension Deshayes était enfoncée par la pension Guernet ! Le collège a « brillé ». Quelle intrigue !


  1. Séance publique annuelle de l’Académie de Rouen.