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Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 4.djvu/77

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DE GUSTAVE FLAUBERT.

livre, étriquée, comme dimension matérielle du moins, ce qui est beaucoup.

Et toi, vieux bougre, as-tu fini ton acte[1] ? Et le voyage d’Italie ? quand ? ne lâche pas ça, n… de D… ! Et fais tout ce qu’il te sera possible pour que ça réussisse.

J’ai vu ce matin le jeune Baudry qui m’a affirmé que tu n’étais pas venu chez lui et que Bouilhet était un blagueur ! Toujours le même petit bonhomme ! Aucune nouvelle rouennaise, d’ailleurs.

Tantôt, après dîner, en regardant une bannette de tulipes, j’ai songé à ta pièce sur les tulipes de ton grand-père et j’ai vu nettement un bonhomme en culottes courtes et poudré, arrangeant des tulipes pareilles dans un jardin vague, au soleil, le matin. Il y avait à côté un môme de quatre à cinq ans (dont la petite culotte était boutonnée à la veste), joufflu, tranquille et les yeux écarquillés devant les fleurs : c’était toi. Tu étais habillé d’une espèce de couleur chocolat.

Je lis maintenant les observations de l’Académie française sur le Cid. Je viens de lire celles du sieur Scudéry, c’est énorme ! ça console du reste. As-tu quelques nouvelles de Pierrot[2] ?

Adieu, vieux bougre, je t’embrasse. Tiens-toi en joie si c’est possible.


  1. Madame de Montarcy, représentée pour la première fois à l’Odéon le 6 novembre 1856.
  2. Pierrot au sérail, pantomime en six actes suivie de l’Apothéose de Pierrot dans le paradis de Mahomet, écrite en collaboration avec Bouilhet ; le manuscrit fut égaré ; il en reste le scénario (voir Œuvres de jeunesse inédites, III, p. 326).