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DE GUSTAVE FLAUBERT.

de la rue Massacre et on les fera cuire dans un poêle, dont on ouvrira la porte avec une règle[1] !

Je vais lentement, très lentement même. Mais cette semaine je me suis amusé à cause du fond. Il faut qu’au mois de juillet j’en sois à peu près au commencement de la fin, c’est-à-dire aux dégoûts de ma jeune femme pour son petit monsieur.

Avances-tu dans ton second acte ? Je suis curieux de voir ta grande scène complexe. Parle-moi des changements de plan (entrées et sorties) que tu as faits depuis que tu es à Paris, si toutefois je peux les comprendre par lettres.

Je suis fâché de ne pas être de ton avis relativement à la Bucolique[2]. Mais tu as pris la chose pour pire que je ne la donne. Je te répète que je peux parfaitement me tromper. C’est comme pour les Raisins au clair de lune ; à force de vouloir détailler et raffiner, il arrive souvent que je ne comprends plus goutte aux choses. L’excès de critique engendre l’inintelligence. Si mes observations sur ta pièce sont bêtes, voilà une phrase qui ne l’est pas.

À propos du voyage d’Italie, crois-moi, reviens dessus souvent, si tu veux qu’il ne rate ; tâche d’avoir sa parole, fais qu’il s’engage et prenez une date fixe pour partir. C’est une occâse (style Breda street) que tu ne retrouveras jamais, mon bon. Il sera trop tard, plus tard. Rien de ce que tu peux laisser à Paris ne vaut une heure passée au Vatican, mets-toi ça dans la boule. Et d’ailleurs « tu ne te doutes pas » des pièces détachées que tu

  1. Voir Madame Bovary, p. 386 et suivantes.
  2. Voir Festons et Astragales, de même que pour Raisins au clair de lune.